Les cancers féminins constituent un enjeu de santé publique évident. Les nombreuses initiatives prises en France à l’occasion d’Octobre Rose, participent à la prise de conscience. Mais le chemin vers un dépistage généralisé reste encore long…
Plus de 61 000 femmes sont touchées chaque année par un cancer du sein en France.
La détection et la prévention sont donc des enjeux de santé publique primordiaux.
L’opération Octobre rose figure ainsi parmi les outils les plus utilisés pour tenter de « pousser » les femmes à se faire dépister le plus tôt possible.
Importée des Etats-Unis en 1994 par la société Estée Lauder et le journal Marie Claire, cette campagne de communication annuelle mondiale destinée à sensibiliser les femmes de tous âges et à récolter des fonds pour la recherche s’est donné pour symbole le célèbre ruban rose. Courses, réunions, temps d’échanges ventes aux enchères, journées roses, des défis lancés sur les réseaux sociaux : les initiatives se multiplient partout en France et dans d’autres pays.
« Mesurer l’impact réel »
Le docteur Frédéric Estingoy, chirurgien gynécologue à la clinique des Cèdres, près de Toulouse, voit d’un bon œil ces événements et manifestations : « J’interviens beaucoup sur les pathologies. Durant ce mois d’octobre, comme tous les ans, nous avons participé à des manifestations locales et j’ai notamment animé une soirée sur le dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus. Nous avions des gens plutôt âgés dans l’assistance. Cela permet de rencontrer la population. Mais il faut voir quel impact cela aura réellement. Ce sont en tout cas des moments intéressants d’échanges et de partage. On essaie de sensibiliser les familles ».
Selon l’ARS d’Occitanie, le cancer du sein reste le premier cancer féminin : 4 900 nouveaux cas sont détectés chaque année dans la Région. En dépit d’avancées significatives, la participation aux dépistages préventifs face à ce cancer doit s’améliorer : parmi 1 million de femmes invitées à bénéficier du dépistage organisé à partir de 50 ans, 57% des femmes concernées y ont participé en 2024, un taux bien en-deçà du seuil de 70 % recommandé au niveau européen. Ce dépistage préventif est pourtant pris en charge à 100%, et à renouveler tous les deux ans.
Tabac et obésité dans le viseur
Le docteur Estingoy insiste aussi sur les causes et les comportements qui peuvent favoriser l’apparition des cancers : « L’explosion des cancers du sein est provoquée par le tabac et l’obésité. Octobre Rose nous fournit aussi l’occasion d’évoquer les facteurs de risques croisés très généraux surtout pour l’obésité. Cela permet d’élargir le débat et de concerner encore plus femmes ».
Les premiers jours de l’automne permettent également de faire le point sur les pathologies de plus en plus marquées dans la population féminine : « Nous constatons une explosion des troubles urinaires liées au tabac chez les filles, c’est même massif, poursuit le médecin toulousain : les gens ne le savent pas forcément. Octobre Rose peut aider à progresser. Mais on peut faire mieux, on doit même faire mieux ».
Selon Frédéric Estingoy, il existe encore « des trous dans la raquette. Chez les moins de 50 ans où le seul suivi clinique est recommandé ».
Le praticien toulousain souhaite aussi rappeler un dispositif méconnu des femmes qui pourraient en bénéficier : « Concernant le col de l’utérus, les femmes peuvent faire un autodépistage, facile. Ce qui permet de « rattraper » celles qui ne consultent pas un gynécologue après les grossesses. L’information n’est pas encore complètement passée et trop de femmes échappent malheureusement aux radars des dépistages traditionnels. Il est dommage d’opérer et de traiter des cancers avancés qu’on aurait pu soigner mieux s’ils avaient été détectés plus tôt » .
C’est l’enjeu essentiel d’Octobre Rose, le mois de l’espoir…
L’équipe de La République en Commun
Au-delà de ce mois d’Octobre Rose, une campagne régionale « Coup de pouce aux dépistages » va être animée tout au long de l’année en Occitanie, avec un collectif qui mobilise déjà les équipes de l’ARS, du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC), de l’Assurance Maladie, de la Mutualité Sociale Agricole et de France Assos Santé Occitanie, en partenariat avec l’Institut du Cancer de Montpellier, l’IUCT-Oncopole de Toulouse et de nombreux acteurs territoriaux, professionnels de santé, collectivités, maisons et centres de santé, hôpitaux et cliniques, associations et institutions..
- Pour en savoir plus sur cette campagne d’animation territoriale lancée en Occitanie : un guide pratique et de nombreux supports sont mis à disposition des partenaires qui y apportent leur soutien ici : https://www.depistagecancers-occitanie.ars.sante.fr/
- Le mode d’emploi du dépistage organisé des cancers en Occitanie est aussi rappelé ici : https://occitanie-depistagecancer.fr/depistages/