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Pourquoi le logement doit être la priorité nationale

Publié le 08 décembre 2025
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Dès le premier coup de froid de l’hiver, le 115, numéro d’urgence sociale pour les sans-abris, a été saturé dans plusieurs villes de France. Les commissions d’attributions de logements sociaux honorent péniblement 38% de la demande… La crise du logement atteint des proportions qui mettent en péril l’intégration sociale de milliers de gens et l’économie du pays.

Taux d’intérêt élevés, coûts du foncier prohibitifs, aucun volontarisme politique pour construire des logements sociaux et étudiants, absence de mesures efficaces pour l’accession à la propriété, frilosité des populations et complexité des démarches pour libérer du foncier, inflation sur les matériaux et l’énergie, incertitude politique… Une multitude de facteurs négatifs bloque la construction de logements à un moment où la demande explose. Et pas seulement pour des logements HLM.

L’immobilisme a assez duré. Il est temps de mettre en place une politique globale concertée avec les professionnels, les élus locaux, les organismes HLM. Voici trois bonnes raisons :

C’est une question de droit et de dignité…

Comment un pays développé peut-il tolérer qu’on meure dans la rue parce qu’on est contraint d’y dormir ? Comment la France peut-elle laisser quatre millions de personnes, soit 6 % de sa population, vivre dans un logement indécent ?  Comment accepter que des dizaines de milliers de jeunes, et pas seulement des étudiants et des demandeurs d’emploi, vivent chez leurs parents ?

Les constats de la Fondation pour le Logement des Défavorisés (FLD) en ce début d’hiver 2025-2026 sont accablants : le droit au logement n’est pas respecté dans le pays. La promesse du zéro SDF proclamée par le président Macron au début de son premier mandat a échoué dans des largeurs inquiétantes. Pire, la situation continue de se dégrader : le taux de logement insalubres a augmenté de 3% en 2024. Des députés et des sénateurs ont demandé récemment d’assouplir les règles sur la location de logements classés F et G par les diagnostics de performances énergétiques.

La pénurie est une réalité

En 2015, l’Union Sociale pour l’habitat a estimé à 500 000 le nombre de logements à construire chaque année jusqu’en 2035. En 2021, une commission une commission d’experts dirigée par l’ancien ministre François Rebsamen affine cette estimation : au moins 270 000 nouveaux logements privés par an sont nécessaire chaque année pour absorber la progression démographique, remplacer l’insalubre. 158 000 logements sociaux sont nécessaires du fait de l’éclatement des familles. S’y ajoutent 40 000 à 45 000 logements étudiants dans les 25 plus grandes villes universitaires qui permettront aussi de moderniser le parc car la démographie étudiante devrait plonger dès 2036.

En 2023 moins de 48 000 logements sociaux ont été mis en chantiers. Au total en 2025, la barre des 300 000 logements ne sera pas atteinte.

C’est vital pour l’emploi

L’adage «  quand le bâtiment va » n’est pas une légende. Pour la première fois depuis 2008, les effectifs dans la construction ont baissé en 2024. Les fédérations départementales du BTP ont tiré la sonnette d’alarme : « Le choc ne se voit pas forcément sur le marché de l’emploi car les départs à la retraite ou en pré-retraite sont très nombreux y compris chez les artisans. Mais si les carnets restent vides, 2026 sera l’année de licenciements massifs dans tous les territoires : ça partira des petites villes et ça continuera dans les métropoles ».

La crise frappe encore plus les fournisseurs de matériaux. Monsieur Bricolage a fermé 17 enseignes et supprimé 238 postes, Lapeyre a remisé 20 points de vente et dans Paris, Leroy-Merlin supprime aussi des magasins. Les usines de briques, de panneaux, d’isolants ferment des lignes de production. Sans une relance de la construction, le marché de l’emploi se dégradera encore plus vite.

Enfin, comme les difficultés de mobilité, l’absence de logements disponibles et à un cout accessible s’avère également un frein au retour à l’emploi notamment dans les métropoles régionales.

 

 

L’équipe de La République en Commun