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« No Kings » aux États-Unis, une mobilisation historique pour la démocratie

Publié le 23 octobre 2025
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Ils étaient près de sept millions d’Américains à battre le pavé, de Los Angeles à New York, le samedi 18 octobre, pour dénoncer la dérive autoritaire du président Donald Trump. Sous le slogan « No Kings », cette mobilisation massive restera comme l’une des plus importantes de l’histoire du pays.

Grenouilles, pingouins, girafes, statues de la Liberté, dinosaures gonflables : un hommage au mouvement folklorique de Portland, ville de la côte ouest. Et la réponse d’une Amérique épuisée, qui a voulu répondre à dix mois d’une présidence Trump menée à marche forcée.

L’ambiance était aussi joyeuse que combative dans les quelque 2 600 cortèges qui se sont élancés à travers les Etats-Unis samedi 18 octobre, pour dire non à la dérive autoritaire du pouvoir exercé par Donald Trump. Accusés de promouvoir « la haine de l’Amérique » voire d’être des terroristes, les manifestants ont répliqué avec humour et fantaisie, pour certains vêtus de costumes gonflables, brandissant le drapeau américain avec fierté.

Les déguisements colorés ne sauraient néanmoins masquer l’atmosphère particulièrement lourde qui règne aux Etats-Unis actuellement : déploiement de la garde nationale dans plusieurs grandes villes, affaiblissement des contre-pouvoirs, instrumentalisation de la sécurité nationale, attaques répétées contre les journalistes et les médias critiques du Président, expulsions arbitraires d’étrangers parfois installés depuis de nombreuses années et remarquablement intégrés. Des discours de haine sont orchestrés partout depuis les plus hautes sphères du pouvoir.

À cela s’ajoute le shutdown provoqué par un blocage budgétaire au Congrès, qui entraîne le gel de milliards de dollars d’investissements publics et une vague de licenciements d’agents fédéraux ciblés, principalement sur les bastions démocrates.

Cette journée historique de contestation a révélé la profondeur du rejet de la politique trumpiste. Mais elle a aussi mis en lumière la difficulté des démocrates à incarner une alternative crédible.

Face à cette dérive, « l’Amérique qui résiste » s’est levée, ce qui n’est pas dans les habitudes – si l’on excepte la période Vietnam. Dans toutes les grandes villes, citoyens, associations, étudiants et syndicats ont marché « pour sauver la démocratie américaine ». Leur message est clair : pas de rois, pas de tyrans, mais la démocratie. Dans les rues, tous s’opposaient à un président qui, en août dernier, déclarait sans détour que « beaucoup d’Américains aimeraient avoir un dictateur ».

Cette journée historique de contestation a révélé la profondeur du rejet de la politique trumpiste. Mais elle a aussi mis en lumière la difficulté des démocrates à incarner une alternative crédible. Fragmentée en au moins trois courants incarnés tour à tour par Clinton (sociaux-libéraux), Obama (sociaux-démocrates) et Sanders (gauche plus radicale), peu implantée dans les petites villes et la ruralité, en manque de représentants issus des classes populaires, la gauche américaine peine à transformer la colère en projet, et la rue en victoire électorale. Le défi est immense : convertir l’élan populaire en changement politique durable.

Pendant ce temps, Donald Trump, fidèle à son goût pour la provocation, passait la journée dans sa luxueuse résidence à Mar-a-Lago (Floride). Il a tout de même répondu aux manifestants sur son réseau social, Truth Social, en publiant une série de vidéos générées par intelligence artificielle, le représentant sous les traits… d’un roi. Sur l’une d’elles, le président est aux commandes d’un avion de chasse nommé « King Trump », couronne sur la tête, larguant des excréments sur les foules en colère, la bande originale de Top Gun en fond sonore. Une conception toute personnelle – et inquiétante – de la liberté d’expression.

L’équipe de La République en Commun