Chaque été, le feu gagne du terrain. En France, en Grèce, en Espagne… les incendies ravagent des milliers d’hectares, menaçant vies humaines, biodiversité et territoires. Face à l’urgence climatique, la réponse doit être à la hauteur et à double dimension : une coordination européenne et des moyens d’action et de protection au plus près des territoires.
La scène devient tristement familière. Des forêts embrasées, des hectares réduits en cendres, des sirènes déchirant la chaleur étouffante, et des Canadairs épuisés dans le ciel. Chaque été désormais, la France – comme l’ensemble du pourtour méditerranéen – est rattrapée par le feu. Déjà plusieurs incendies ont ravagé des centaines d’hectares de forêt en ce début d’été, dans l’Aude, les Bouches-du-Rhône, l’Hérault, le Gard… Et chaque été, l’ampleur de ces incendies augmente, à mesure que le réchauffement climatique amplifie les risques et fragilise les écosystèmes.
Le changement climatique transforme profondément la nature du risque. La sécurité civile doit s’adapter aux risques de demain. Et pourtant, les moyens, humains comme matériels, restent insuffisants.
En 2022, le président de la République avait promis le renouvellement intégral de la flotte de Canadairs et l’achat de quatre appareils supplémentaires. Deux ans plus tard, on découvre que les deux premiers seront livrés au plus tôt en 2028. Pire, les crédits pour les deux suivants ont été annulés. Le prix d’un Canadair est estimé à 65 millions d’euros : une somme bien modeste face aux centaines de millions d’euros que coûtent chaque été les dégâts liés aux incendies. Laisser vieillir notre flotte – 30 ans d’âge pour les Canadairs – c’est affaiblir nos capacités d’intervention et exposer les populations.
La France dispose aujourd’hui de 40 aéronefs de largage d’eau, dont la majorité est vieillissante. Face à cette situation, la réponse ne peut pas être nationale seulement. La lutte contre les incendies demande une réponse collective et coordonnée au niveau national comme européen. L’Europe doit se doter d’une flotte commune construite autour d’une filière industrielle souveraine. Cela suppose un investissement à la hauteur, mais aussi une ambition partagée par les Etats et les industriels du secteur. Le sud du continent ne peut être laissé seul face aux flammes.
Mais agir à grande échelle ne saurait faire l’impasse sur l’action des collectivités. La Région Occitanie, fortement exposée, a créé une délégation spéciale dédiée à la Défense des forêts contre les incendies, adopté une nouvelle stratégie forestière en avril 2023, et mobilise plus de 1,3 million d’euros par an pour financer des points d’eau, des pistes d’accès, des coupures de feu, ou encore des dispositifs de surveillance.
Du 1er juillet au 31 août, dix médiateurs forestiers – dont huit financés par la Région Occitanie – sont déployés dans les zones à risque pour sensibiliser les touristes et les habitants aux bons gestes et aux dangers. En parallèle, elle soutient les campagnes nationales de prévention, notamment sur les aires d’autoroute. Ce travail de terrain est essentiel : 90 % des feux sont d’origine humaine.
L’Occitanie agit aussi sur le long terme : modernisation de ses réseaux hydrauliques, irrigation durable, soutien au pastoralisme et à l’agroforesterie, développement de partenariats avec les SDIS pour raccorder les pompiers aux bornes d’irrigation rurales et économiser l’eau potable. Près de 100 millions de m³ d’eau sont économisés chaque année grâce à ces dispositifs.
La réponse peut être l’ouverture d’une deuxième base aérienne de sécurité civile dans le Sud-Ouest, en complément de celle de Nîmes-Garons, qui doit devenir une base européenne de référence.
Enfin, comment ne pas évoquer le « rempart de vignes » qui depuis des millénaires protège le monde méditerranéen du feu…Dans les zones les plus ventées de l’arc méditerranéen comme l’Aude ou le Péloponnèse en Grèce, des milliers d’hectares de vigne ont été arrachés en raison de la dérégulation du marché viticole. Les broussailles et les garrigues qui les remplacent fournissent un puissant carburant pour propager les incendies et compliquent la tâche des pompiers. La filière viticole doit être soutenue pour des raisons économiques, patrimoniales et aussi de sécurité.
Le changement climatique est là. Les incendies seront plus fréquents, plus violents, plus précoces. Nous n’avons plus le luxe de l’attentisme. Il nous faut unir nos forces, à toutes les échelles : locales, nationales, européennes. Lutter contre les incendies, c’est protéger nos vies, nos forêts, nos villages, nos paysages…
L’équipe de La République en Commun