Boualem Sansal et Christophe Gleizes en Algérie, des touristes français en Iran, en Azerbaïdjan et en Russie sont incarcérés pour des raisons politiques selon le ministère des Affaires Étrangères… Ces détenus politiques sont victimes des tensions diplomatiques entre ces Etats et la France.
Arrêtés le 7 mai 2022 en Iran à la fin d’un voyage touristique, Cécile Kohler et son compagnon, Jacques Paris, tous deux enseignants, sont depuis plus de trois ans retenus dans la prison de haute sécurité d’Evin près de Téhéran.
Le couple est accusé, par les autorités iraniennes, « d’espionnage pour le Mossad », le célèbre service secret israélien et de « complot contre le gouvernement ». Une accusation « infondée » selon le ministère des Affaires Etrangères. Mercredi 24 septembre, le président français Emmanuel Macron a rencontré à New York son homologue iranien Massoud Pezeshkian. Le président français a affirmé sur le réseau X (ex-Twitter), à l’issue de l’entretien, qu’ils étaient parvenus à un accord sur la question des prisonniers ». Sans donner plus de précision mais évoquant « une perspective solide » de libération. Rassemblées à Paris, les familles des otages sont bien conscientes de la fragilité de ces annonces mais elles veulent y croire. Leur libération est d’autant plus urgente que la santé de Cécile Kohler s’est dégradée au cours de l’été.
Deux Français sont incarcérés en Azerbaïdjan, un pays avec lequel la France entretient, là aussi, des relations diplomatiques extrêmement tendues : dans le conflit du Haut-Karabagh qui oppose l’Azerbaïdjan à l’Arménie, la France a pris parti pour l’Arménie. Théo Clerc est considéré par le quai d’Orsay comme un « otage diplomatique ». Il a été condamné à trois ans de prison pour des graffitis sur une rame de métro. Ses deux coaccusés (un Australien et un Néo-Zélandais), arrêtés en même temps que lui, n’ont été condamnés qu’à des amendes. De son côté, Martin Ryan a été incarcéré le 4 décembre 2023 dans ce même pas. Ce chef d’entreprise franco-britannique est accusé « d’actes d’espionnage ». Selon les services de renseignements locaux, il aurait tenté d’obtenir des informations sur le rôle de la Turquie dans le conflit du Haut-Karabagh…
Les cas de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste spécialiste de football Christophe Gleizes, détenus en Algérie s’avèrent différents.
Malade, l’écrivain de 73 ans, est honni par le régime en place à Alger. Les arguments humanitaires avancés par la famille, la mobilisation du monde culturel français et les (parfois) timides initiatives publiques du Quai d’Orsay n’ont pas fait évoluer d’un iota le président Tebboune et une justice politique évidente…
En reportage en Kabylie, Christophe Gleizes, le journaliste sportif, spécialiste de football, est accusé d’apologie du terrorisme pour avoir réalisé une interview d’un dirigeant du club local par ailleurs militant indépendantiste. Il risque 7 ans de prison ! Un procès était attendu en octobre mais il n’y a pas eu conformation. La mobilisation a débouché sur une pétition de Reporters Sans Frontières.
L’Algérie utilise aussi la redoutable « diplomatie des otages en utilisant comme l’Iran des détenus pour faire pression sur Paris».
Enfin, le cycliste français adepte d’ultradistance Sofiane Sehili, a été arrêté début septembre par les autorités russes pour « franchissement illégal de frontière » en pleine tentative de record de la traversée eurasienne à vélo. Détenu dans l’Extrême-Orient au moins jusqu’au 3 novembre, il a décidé de faire appel.
Sofiane Sehili était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe. Le cycliste, doté d’un visa russe électronique, avait d’abord essayé d’entrer dans le pays via un poste-frontière réservé aux Russes et aux Chinois.
Sa compagne a expliqué en septembre à France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu’ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté car il aurait refusé de passer par un autre poste, ce qui aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d’effort. Depuis, les nouvelles ne sont pas bonnes et sa détention provisoire a été prolongée jusqu’au 3 novembre sans explication particulière et dans un grand silence des autorités françaises.
Nos compatriotes paient le prix injuste de batailles diplomatiques incertaines. Et même si le ministère des Affaires Etrangères et les ambassadeurs restent à l’action, ces détentions arbitraires, contraires aux droits humains, doivent être dénoncées : on parle d’hommes et de femmes totalement étrangers aux tensions de ce monde.
L’équipe de La République en Commun