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« Un an après Chido, reconstruire Mayotte doit rester une priorité nationale », par Ben Issa Ousseni et Carole Delga

Publié le 14 décembre 2025
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Tribune publiée le 14 décembre dans La Tribune Dimanche 

Un an après le cyclone Chido, Mayotte reste en pleine reconstruction. Ben Issa Ousseni et Carole Delga appellent à maintenir la solidarité nationale et un accompagnement durable du territoire.

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido frappait Mayotte avec une intensité rare provoquant d’immenses dégâts humains et matériels. Mais loin de susciter le découragement, à rebours des préjugés persistants sur les outre-mer, cette épreuve a révélé la force d’un territoire jeune, travailleur, courageux et résolument tourné vers l’avenir.

Dans les jours qui ont suivi, les Régions de France se sont mobilisées pour créer un fonds de solidarité interrégional dédié à Mayotte. Loin d’un geste symbolique, ce fonds, piloté par la Commission Outre-mer de Régions de France – sous l’impulsion de sa Présidente Huguette BELLO – a permis d’engager des actions concrètes qui ont été déployées tout au long de l’année.

Cette solidarité entre les Régions s’est traduite d’abord par un soutien sanitaire, via le financement d’un hôpital de campagne pour renforcer les capacités de prise en charge et soulager les structures existantes. Puis l’installation de cantines solidaires a permis d’assurer rapidement des besoins essentiels dans les zones les plus touchées.

Enfin, l’aide des régions s’est matérialisée par un appui aux habitants et à l’économie locale grâce à un dispositif de bons d’achat ciblés, coordonné par la CCI de Mayotte, facilitant la reprise de l’activité et accompagnant les familles les plus affectées.

Une quatrième action est toujours en cours, conduite avec la Croix-Rouge française, pour renforcer l’accès à l’eau et à l’assainissement.

D’autres initiatives bilatérales ont également contribué au relèvement du territoire. Cette continuité d’action dit quelque chose d’essentiel : la solidarité interrégionale n’a pas été un réflexe ponctuel, mais un engagement sur la durée.

Car notre conviction profonde est qu’on ne reconstruira pas Mayotte sans les Mahorais et encore moins contre les Mahorais. Il s’agit désormais de sortir des réflexes d’urgence pour reconstruire et transformer durablement avec eux.

Reconstruire les infrastructures, les maisons, les routes, les établissements scolaires. Reconstruire socialement, aussi, en renforçant l’accès aux soins, à l’éducation, à la formation, à l’emploi, dans le territoire le plus jeune de France.

Reconstruire institutionnellement, enfin, car Mayotte entre dans une nouvelle phase de son histoire avec sa transformation en Département-Région. Ce changement de statut constitue un moment fédérateur. Il offrira à Mayotte une architecture institutionnelle plus cohérente, capable de porter des politiques publiques adaptées.

Cette évolution devra s’accompagner d’une confiance accrue accordée au territoire, à ses élus, passant par d’un droit à la différenciation réellement opérationnel et de moyens financiers sécurisés. Les engagements pris par l’État doivent à cet égard être tenus scrupuleusement. Nous y serons extrêmement attentifs.

Les collectivités ultramarines ne réclament aucun privilège : elles demandent la reconnaissance de leurs particularités mais surtout des leviers d’actions efficaces. S’agissant de Mayotte, la reconstruction en cours ne pourra réussir que si elle s’appuie sur des responsabilités bien définies, des financements garantis et un partenariat solide entre l’État, les collectivités locales, l’Europe et l’ensemble des Régions françaises.

La solidarité, initiée dans l’urgence et l’émotion, se prolonge aujourd’hui dans la durée et dans les projets. Il incombe à l’État d’accompagner cette reconstruction matérielle, sociale et institutionnelle. Mayotte doit rester une priorité nationale.

Signataires : 

  • Ben Issa Ousseni, président du Conseil Départemental de Mayotte
  • Carole Delga, présidente de Régions de France et de la Région Occitanie
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