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« Toujours là, toujours debout, pour l’humanité. »

Publié le 09 septembre 2025
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SOS-MED
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Alors que le gouvernement de François Bayrou choisit de rogner l’Aide médicale d’État, fragilisant encore l’accès aux soins des plus précaires, SOS Méditerranée rappelle à la France et à l’Europe une vérité simple : la solidarité n’est pas une option. Depuis dix ans, ses équipes sauvent des vies en Méditerranée et rappellent que l’humanité ne se négocie pas. Leur combat nous oblige.

Il y a dix ans, des femmes et des hommes se sont levés pour répondre à l’une des plus grandes tragédies humanitaires de notre époque : la mort de milliers de personnes en Méditerranée, aux portes de l’Europe. SOS Méditerranée est née de cette urgence, de cette nécessité de refuser que la mer devienne un cimetière. Depuis 2015, cette association a sauvé plus de 42 000 vies. 42 000 visages, 42 000 histoires arrachées à la noyade, grâce à une chaîne de solidarité dont je suis fière de faire partie.

J’ai signé l’appel « Nous sommes toujours là », parce que je crois profondément que porter secours à une personne en danger n’est pas un choix politique : c’est un impératif moral et légal. Le travail de SOS Méditerranée est la démonstration, jour après jour, que l’humanité ne se négocie pas.

Mais que dire du silence assourdissant des États européens ? Que dire de ces gouvernements qui laissent les ONG pallier leurs responsabilités, tout en entravant leur action ? Depuis dix ans, SOS Méditerranée demande la mise en place d’une flotte de sauvetage européenne digne de ce nom. En vain. Pendant ce temps, plus de 32 000 personnes ont péri en Méditerranée depuis 2014. Des enfants, des femmes, des hommes, abandonnés en mer sur des embarcations de fortune, trompés par des passeurs sans scrupules leur faisant croire que les lumières de plateformes pétrolières sont celles de l’Italie.

Je refuse que la solidarité soit réduite au silence. Je refuse que sauver une vie devienne un acte de courage politique alors que c’est, tout simplement, une exigence d’humanité.
Carole Delga

Pire, l’action humanitaire est criminalisée. Avec l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Italie, le décret Piantedosi impose des règles absurdes qui empêchent les navires comme l’Ocean Viking de mener plusieurs sauvetages d’affilée. Le port de débarquement désigné se situe désormais à des centaines de kilomètres, allongeant les délais, réduisant l’efficacité des opérations, et mettant des vies en péril.

En parallèle, des attaques sont systématiquement lancées par l’extrême droite contre les subventions accordées par les collectivités locales — y compris en Occitanie — sous des prétextes idéologiques. SOS Méditerranée a même été visée par des agressions physiques, comme en 2018 à Marseille, lorsque le groupe Génération identitaire a violemment ciblé ses locaux.

Et pourtant, l’association tient bon. Depuis le départ, c’est la société civile qui porte SOS Méditerranée. En 2015, la photo du petit Aylan a bouleversé le monde. Des milliers de citoyens se sont mobilisés, donnant naissance à cette incroyable aventure humaine. 91 % des ressources de l’association proviennent de dons privés, dont près de la moitié sont des dons de particuliers. C’est une force immense… mais aussi une fragilité. Une journée en mer coûte 24 000 euros. Il faut continuer et ce combat ne peut se mener qu’ensemble.

Dans un monde de plus en plus instable, où le changement climatique, les guerres et la misère alimentent les flux migratoires, nous avons un choix à faire : tendre la main, ou détourner les yeux. Je refuse que la solidarité soit réduite au silence. Je refuse que sauver une vie devienne un acte de courage politique alors que c’est, tout simplement, une exigence d’humanité.

À toutes les équipes de SOS Méditerranée, aux marins, aux bénévoles, aux donateurs : merci. Merci de tenir la barre, malgré les tempêtes. Merci d’être toujours là.

Carole Delga