Edito

Six ans sous scellés

Publié le 10 mai 2025
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Chers amis,

Il aura fallu attendre ce mois de mai 2025 pour que les cahiers de doléances du Grand Débat national soient enfin rendus publics. Six ans sous scellés. Plus de 16 000 carnets rédigés dans nos communes, plus de 1,5 million de contributions citoyennes. Une mobilisation massive, nourrie par la crise des Gilets Jaunes mais qui a dépassé largement la contestation de l’hiver 2018-2019. Des témoignages bruts, souvent poignants, d’un pays en colère mais prêt à s’exprimer autrement.

Cet engagement fut massif, sincère, parfois désordonné. Il disait un besoin : être entendu. Mais ce qui aurait pu être un moment fondateur d’une démocratie plus vivante est resté lettre morte. Aucune suite politique à la hauteur. Peu de débats, encore moins d’engagements. Ces cahiers de doléances sont le symbole d’une promesse déçue.

Cette ouverture tardive est le symbole d’un rendez-vous manqué. Une parole sollicitée, puis enfermée. Une énergie citoyenne absorbée par le silence institutionnel. Comme si l’on craignait ce qu’il pourrait en sortir. En enfermant ces cahiers de doléances pendant des années, le président de la République a, une nouvelle fois, distendu le fil qui relie les citoyens avec leurs représentants.

Mais ce n’est pas une fatalité. Cette mémoire collective désormais accessible peut marquer un nouveau départ. À condition d’en tirer les leçons : la participation ne s’improvise pas. Elle demande de la méthode, de la clarté, de la continuité. Elle ne remet pas en cause la légitimité des élus, elle vient l’enrichir.

Il ne s’agit pas d’ériger un mausolée à la contestation. Mais de bâtir, enfin, les fondations d’un dialogue exigeant, durable et respectueux entre les citoyens et celles et ceux qui les représentent. Pour une République en commun.

Fidèlement,

Carole Delga

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