Quel est votre regard sur la situation du pays ?
Je suis préoccupé mais convaincu que nous pouvons nous en sortir. Préoccupé bien sûr par la guerre commerciale et culturelle que nous imposent les États-Unis, par les chocs qu’entrainent les crises géopolitiques, par les reculs écologiques que nous constatons en Europe, et cela à un moment où nous sommes politiquement affaiblis en France par les conséquences de la dissolution. Tout cela génère de l’incertitude, des tensions et même un ressentiment dangereux. Mais lorsque j’observe la société et que j’échange avec des dirigeants d’entreprises, notamment du mouvement Impact France, je pense malgré tout qu’il faut continuer d’espérer. On a vu la mobilisation citoyenne contre la loi Duplomb et je vois la poursuite des investissements écologiques des entreprises. On a vu les entreprises françaises refuser les reculs en matière de diversité et d’inclusion que voulait nous imposer l’administration américaine. Enfin, je constate que beaucoup de voix appellent à la fois à davantage de justice sociale, mais aussi de sens du compromis dans le cadre du prochain budget. Je continue d’espérer donc que notre pays retrouve une voie de progrès malgré la période.
Quels sont les sujets qui peuvent faire collectif ?
Le premier est celui de la souveraineté européenne. Je pense que tout le monde a compris qu’il était difficile de survivre dans un monde de prédateurs sans une Europe puissante. Après la prise de conscience de notre dépendance militaire, j’espère que l’accord commercial totalement déséquilibré conclu cet été avec les Etats-Unis va nous conduire à un sursaut. Plus que jamais nous devons défendre notre modèle, décarboner nos économies pour ne plus dépendre des énergies fossiles et soutenir des champions européens sur les marchés d’avenir. Le deuxième est certainement la question d’un renouveau démocratique. Il y a aujourd’hui une attente d’écoute, de considération, de participation à la décision qui n’est pas suffisamment prise en compte et cela contribue à tendre le pays. C’est vrai dans le monde politique comme économique : il y a une demande d’horizontalité, de relations d’adultes à adultes entre dirigeants et dirigés, à laquelle il faut répondre.
Pourquoi venir aux Rencontres de la Gauche à Bram ?
Parce que je représente Impact France, un mouvement patronal en plein essor qui rassemble des entreprises engagées, et qui fait entendre sa voix partout où on l’invite. Malgré les blocages politiques actuels et les tensions sociales, il faut absolument continuer de débattre largement pour trouver des solutions.