Edito

Nous devons faire vivre la laïcité

Publié le 09 décembre 2025
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Le 8 décembre 2025

Mes chers amis,

Demain, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat aura 120 ans.

Ce long parcours puise ses racines dans le siècle des Lumières et la Révolution de 1789. Portée au début du siècle dernier par des députés de gauche à l’Assemblée nationale et sur le terrain par des institutrices et des instituteurs, cette loi permet à chacun de trouver sa place dans notre société.

En cette semaine de commémoration, je souhaite rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui, par leur engagement et leur dévouement, ont façonné et façonnent encore notre République laïque.

Ce texte protège avant tout une chose : notre liberté. La liberté de conscience : celle de croire, de ne pas croire, de ne plus croire, d’exprimer sa foi sans privilège ni pression, dans le respect des valeurs qui fondent notre vivre-ensemble.

Pourtant, la laïcité vacille parfois. Elle est prise pour cible, mal comprise, instrumentalisée par les extrêmes. Certains voudraient laisser penser que la laïcité s’oppose aux religions et d’autres qu’elle devrait s’adapter aux religions. Dans un monde secoué par les tensions et les replis identitaires, nous devons au contraire rappeler qu’elle est un chemin d’émancipation.

Faire vivre la laïcité, c’est d’abord expliquer, transmettre, aller au-devant des jeunes et soutenir les enseignants qui chaque jour, partout en France, en portent la pédagogie. C’est aussi agir pour que l’égalité soit autre chose que la promesse (non tenue) d’un idéal commun. « La laïcité doit être à l’avant-garde du combat contre les discriminations » expliquait justement Bernard Stasi.

Faire vivre la laïcité, c’est aussi porter des actions concrètes, au plus près des habitantes et des habitants : En Occitanie, nous avons choisi de créer un Conseil régional de la laïcité et des valeurs républicaines, unique en France, rassemblant intellectuels, responsables associatifs et syndicaux, juristes, élus, etc. Du 3 au 9 décembre, il organise le Festival de la Laïcité, avec plus de 120 événements dans nos 13 départements.

Cette laïcité du quotidien s’incarne dans les gestes simples et les pratiques ordinaires de la vie collective, au sein des administrations, des hôpitaux, des associations sportives, culturelles, etc., partout où se nouent les relations sociales. C’est aussi aider les entreprises et le monde du travail autour de la gestion du fait religieux.

Faire vivre la laïcité, c’est enfin redonner une impulsion politique nationale et constitutionnelle. Il nous faut retrouver une parole officielle forte, crédible, incontestable. Comme le propose notamment le député Jérôme Guedj, je souhaite ardemment que soit créé un Défenseur de la Laïcité sur le modèle du Défenseur des Droits : une autorité indépendante, dotée de moyens réels, capable de garantir une application apaisée du principe laïque et de renforcer sa compréhension sur le terrain.

La laïcité ne se défendra durablement que si elle redevient un horizon compris, partagé et aimé. Dans une société traversée par les doutes et les peurs, ce combat de tous les jours, politique, social et culturel, dessinera le visage de la France de demain : un visage que je souhaite bienveillant, fraternel et humaniste.

Car comme le dit si bien mon ami le philosophe Henri Peña-Ruiz : « Dans une République laïque, il y a de la place pour tout le monde ».

Fidèlement,

Carole Delga

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