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Non à l’austérité, oui à la justice fiscale et sociale

Publié le 16 juillet 2025
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Remboursements réduits pour les malades, baisse des moyens pour les collectivités, suppressions d’emplois publics… Le choix du gouvernement pour le budget 2026, c’est encore de faire payer les plus fragiles et de préserver les plus fortunés. Cette austérité injuste n’est ni une fatalité, ni une vision d’avenir.

Les annonces du Premier ministre François Bayrou sur le budget 2026 ont confirmé une ligne que nous connaissons déjà trop bien : au lieu de faire contribuer davantage ceux qui possèdent le plus, le gouvernement choisit une fois de plus de faire payer l’addition aux classes moyennes et aux plus modestes.

Moins de remboursements pour les personnes atteintes de maladies chroniques, nouvelles coupes dans les moyens des collectivités locales, gel du point des fonctionnaires, suppressions d’emplois dans la fonction publique, et même l’idée absurde de supprimer des jours fériés porteurs de mémoire collective comme le 8 mai. Autrement dit : stigmatiser, fragiliser, et diviser, plutôt que réparer, protéger et rassembler.

Le redressement de nos finances publiques est bien entendu nécessaire. Mais il est acceptable uniquement quand il est guidé par la justice sociale et fiscale. La rigueur ne doit pas devenir synonyme d’injustice. L’effort ne peut pas toujours peser sur les mêmes épaules, sur les mêmes territoires, sur les mêmes vies.

Stigmatiser les malades, affaiblir les plus modestes, demander encore des efforts aux travailleurs de première et deuxième ligne, mépriser les élus de terrain : ce n’est pas ma conception de la justice sociale, ni de la République. On ne construit pas un pays plus fort en affaiblissant les plus vulnérables. On ne redresse pas une nation en alourdissant la tâche de celles et ceux qui dans leur entreprise, leur emploi public, donnent tous les jours pour l’économie du pays, pour les services publics de l’école, de la santé, de la propreté

Le redressement des comptes publics ne doit pas être conduit au détriment des services publics ni des travailleurs, des retraités, de ceux qui subissent des carrières hachées, des vies accidentées, mais au service d’une stratégie économique ambitieuse.

Je crois à une autre voie : celle de la solidarité, du respect et de la dignité pour toutes et tous. Une voie dans laquelle l’effort est partagé : les plus favorisés contribuent à hauteur de leurs moyens, les politiques publiques protègent.

Des alternatives existent, justes et efficaces. La proposition portée par l’économiste Gabriel Zucman d’instaurer une taxe de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros doit être écoutée. Elle ne concernerait que 1 846 contribuables, dont la fortune a bondi de 890% depuis 2005. Comment justifier que l’on demande toujours plus à ceux qui n’ont rien ou si peu, qui se lèvent tous les jours pour travailler, pendant que les multimillionnaires voient leur richesse s’accroître dans des proportions vertigineuses, souvent sans contribution équitable au bien commun ? La justice fiscale impose de faire contribuer ceux qui en ont largement les moyens quand on sait que la pauvreté et les inégalités sont au plus haut depuis 30 ans.

Le redressement des comptes publics ne doit pas être conduit au détriment des services publics ni des travailleurs, des retraités, de ceux qui subissent des carrières hachées, des vies accidentées, mais au service d’une stratégie économique ambitieuse.

Planification industrielle, relocalisation d’activités et de services de base (médicament, alimentation, énergie, transport), soutien au Made in France et au Made in Europe, investissements dans la recherche, les compétences et la formation : voilà le cap à tenir pour redonner à la France une économie de production durable et non une économie « financiarisée » de spéculation.

À l’inverse, l’austérité affaiblit nos écoles, nos hôpitaux, nos forces de sécurité, nos entreprises, et ouvre la voie à la privatisation, donc aux inégalités. Pour préserver notre modèle social et relever les défis économiques comme écologiques, une fiscalité plus juste est indispensable et elle passe par des taxes sur les superprofits des multinationales, les revenus du capital, les produits de luxe.  Parce que l’impôt, quand il est bien pensé, est d’abord un outil de justice et de solidarité.

La justice sociale ne doit pas être une variable d’ajustement budgétaire. Elle doit être le cap.

Carole Delga