Edito

Narcotrafic : le courage d’Amine Kessaci

Publié le 22 novembre 2025

Mes chers amis,

«  Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ? ». Comment ne pas entendre cet appel d’Amine Kessaci, frère de Brahim et de Medhi, 20 ans, lâchement exécutés à Marseille en 2020 et ce jeudi 13 novembre ?

Amine le crie et l’écrit : «  Je dirai la violence du narcotrafic. Je dirai les carences de l’Etat, les failles de la République, les territoires abandonnés et les populations oblitérées ».

Comment ne pas être dévasté, comme lui, par la mort de ses frères ? J’étais aujourd’hui présente au rassemblement républicain contre le narcotrafic, en mémoire de Mehdi et en soutien à sa famille. Admirable de courage, Amine vit sous protection policière depuis le mois d’août pour avoir publié un livre racontant la peur de celles et ceux qui dénoncent l’emprise du narcotrafic sur la société.

Ainsi les « barons » ordonnent-ils des « crimes d’avertissement » depuis une cellule de prison, un appartement luxueux dans un pays lointain ou une boutique au chiffre d’affaires bien supérieur à son activité réelle. Ils recrutent des guetteurs, des dealers, des tueurs dans les quartiers les plus pauvres du pays.

Ce sont des territoires entiers qui passent sous le contrôle des trafiquants. A Nîmes, dans le quartier de Pissevin, la médiathèque pourtant rénovée est fermée depuis deux ans et sera finalement détruite. Pourquoi ? Elle était squattée par des dealers.

Le narcotrafic est devenu une arme massive de déstabilisation des Etats de droit. Avec un objectif clair : affaiblir notre République pour étendre leurs trafics et amasser encore plus d’argent sale. 

NON, nous ne les laisserons pas faire. C’est une véritable politique anti-mafia qu’il faut mettre en place, sur le modèle de ce qu’ont fait les autorités italiennes il y a 15 ans. La dernière loi, initiée notamment par l’ancien sénateur socialiste, Jérôme Durain, et adoptée par le parlement français au printemps dernier, apporte des avancées. 

Parce que ces « cartels » disposent de moyens énormes, une réponse globale de lutte contre le narcotrafic ne doit négliger aucun levier : renforcement des moyens de police et de justice, mesures internationales contre les producteurs et les transporteurs, responsabilisation et prévention auprès des consommateur, retour des services publics dans les quartiers, lutte contre l’échec scolaire, etc.

La mobilisation des moyens de l’Etat doit être totale, à la hauteur de cette situation sur laquelle Amine n’a pas peur de mettre des mots : « Une lutte à mort ».

Nous avons le devoir d’entendre le cri d’Amine Kessaci.

Carole Delga

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Une du journal «  Le Monde », le jeudi 20 novembre 2025
Nous avons le devoir d’entendre le cri d’Amine Kessaci.
Carole Delga