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La culture est un levier essentiel pour la démocratie

Publié le 29 juillet 2025
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JIM-The-Village-
Carole DELGA à The Village

Alors que les fractures sociales, territoriales et politiques s’intensifient, la culture apparaît comme un rempart essentiel face aux diviseurs et à la résignation. Le festival «  The Village », à Marciac, en est une magnifique démonstration.

Faut-il encore prouver que la culture est vitale ? Qu’elle ne relève pas du superflu mais bien du socle commun, de ce qui nous relie, nous élève, nous fait tenir debout ? Dans un monde traversé par le doute, les replis identitaires et les discours de haine, la culture n’est pas un luxe : elle est une nécessité. Une source de respiration, un outil d’émancipation, un facteur de cohésion.

À l’heure où certaines collectivités rognent sur leurs budgets culturels, l’Occitanie a fait un autre choix : sanctuariser 70 millions d’euros pour faire vivre la culture et les particularités régionales. Un acte fort, à rebours des tendances nationales. Non, la culture ne sera pas une variable d’ajustement budgétaire. Non, elle ne sera pas sacrifiée sur l’autel des urgences. Car renoncer à la culture, c’est ouvrir la voie à l’ignorance, aux extrêmes, à la violence des certitudes. C’est se couper de l’altérité, du surprenant, de l’audace. 

Oui, la culture est un rempart. Mais elle n’est pas éternelle si on ne la protège pas, si on ne l’alimente pas, si on ne la transmet pas.

Il faut cesser de considérer la culture comme un coût. Elle est avant tout une richesse, une chance, une force. Elle fait société. Elle est ce qui relie les territoires entre eux, ce qui fait battre le cœur d’un village ou d’un quartier. Et quand on parle de fracture, il faut y répondre non seulement par des politiques sociales, mais aussi par des politiques culturelles ambitieuses et accessibles.

Les enfants d’aujourd’hui sont le public de demain. S’ils ne franchissent jamais la porte d’un théâtre, d’un musée, d’un cinéma ou d’une médiathèque, qui remplira ces lieux demain ? Il est urgent de reconnecter la jeunesse à la culture, notamment celles et ceux qui n’y ont pas accès à la maison. L’école doit devenir un véritable levier culturel. Pourquoi, par exemple, ne pas imaginer l’équivalent des cours de sport… pour la culture ? Offrir une initiation à la musique, au théâtre, au cinéma, à la danse, au conte, directement en classe. Rendre la culture aussi naturelle et accessible que le sport ou les mathématiques.

Le spectacle vivant, l’oralité, sont des portes d’entrée puissantes vers le monde des arts. C’est pourquoi l’accès à la culture n’est pas et ne devrait jamais être réservé aux plus favorisés. Et sortons des idées reçues, il n’est pas nécessaire d’avoir lu Proust à 12 ans pour trouver sa porte d’entrée vers la culture : un concert, un conte, une pièce, peuvent suffire à faire naître une passion. C’est à nous, adultes, élus, artistes, enseignants, de tendre la main.

C’est tout le sens du festival « The Village », à Marciac, qui se veut un espace de dialogue, de réflexion et de création autour de ces enjeux. Dans ce village du Gers, artistes, penseurs, citoyens et décideurs se retrouvent pour dire ensemble : la culture est notre affaire à tous.

Avec des personnalités engagées comme Bernard Cazeneuve, Sandrine Mercier, China Moses ou encore Brice Soccol, le festival incarne cette volonté de croiser les regards, de construire un récit commun, loin des caricatures. C’est une invitation à écouter, débattre, rêver. À bâtir une société plus juste, plus ouverte, plus sensible.

Oui, la culture est un rempart. Mais elle n’est pas éternelle si on ne la protège pas, si on ne l’alimente pas, si on ne la transmet pas. Et c’est précisément ce que « The Village » célèbre et défend : une culture vivante, populaire, enracinée et audacieuse. Une culture qui relie, rassemble, et ouvre sur le monde.

L’équipe de La République en Commun