Articles

Face aux LGBTphobies, l’indispensable sursaut

Publié le 16 mai 2025
Partager
Face-aux-LGBTphobies-lindispensable-sursaut
Partager

La Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie le 17 mai doit mobiliser tous les défenseurs des libertés pour que cessent discriminations, agressions, insultes, remise en cause de droits en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. 

Dimanche 11 mai, une jeune femme s’est donné la mort en sautant du toit du Panthéon, à Paris. Elle aurait, selon les premiers éléments de l’enquête, «  subit une pression familiale eu égard à son orientation sexuelle ». En avril, à Nîmes, un étudiant a été agressé, chez lui, en raison de son agression sexuelle. En février, à Nice, un jeune homme a été frappé, étranglé et volé, en raison de son orientation sexuelle. En février, à Toulouse, deux femmes ont fait condamner un récidiviste qui avait gravé des tags « dégradants et insultants à caractère homophobe » sur leur domicile et pour l’une d’elle sur son lieu de travail.

Ces faits ne sont pas isolés. Ils racontent un quotidien encore trop familier : en 2025, les LGBTphobies restent une réalité.

Une réalité qui ne s’exprime pas uniquement dans l’ombre. Au sein même de l’Union européenne se libère une parole homophobe décomplexée et légitimée. En Hongrie, en Italie, en Slovaquie, en Pologne les droits des personnes LGBTQIA+ reculent sous la pression de gouvernements qui attisent les haines au nom de valeurs prétendument «  traditionnelles ». Après une décennie de progrès fragiles, une offensive réactionnaire est à l’œuvre.

Les LGBTphobies ne sont pas une opinion : c’est une discrimination qu’il nous faut combattre. Elles isolent. Elles détruisent. Elles enferment. Elles invisibilisent. Elles empêchent tant de gens de vivre simplement, librement, dignement. De vivre, tout court.

En France aussi, les chiffres alertent : Hausse de 5 % des infractions anti-LGBT+ en 2024 [1]. Plus d’un jeune LGBT+ sur deux (57 %) déclare avoir subi une agression verbale ou physique en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre[2]. En 2025, 59% des personnes LGBT+ considèrent qu’elles ne sont pas bien intégrées dans la société française. Manifestation concrète : la proportion de personnes témoins de propos ou d’agression homophobes se maintient à un niveau préoccupant (58% des Français affirment en être encore témoins)[3].

À ces chiffres s’ajoutent des souffrances invisibles, silencieuses, mais bien réelles. Qui peuvent pousser à commettre l’irréparable. Des vies abîmées. Et un signal d’alarme clair.

Sans une réaction collective rapide, ferme, forte, nous pourrions revivre le climat de violence de 2012-2013, au plus fort de la mobilisation contre l’ouverture du mariage aux homosexuels.

Les LGBTphobies ne sont pas une opinion : c’est une discrimination qu’il nous faut combattre. Elles isolent. Elles détruisent. Elles enferment. Elles invisibilisent. Elles empêchent tant de gens de vivre simplement, librement, dignement. De vivre, tout court.

Le 17 mai, Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, doit être plus qu’un symbole. Il est urgent d’agir. Il y a urgence à ce que des mesures à la hauteur de la situation soient prises :

  • Une mobilisation massive pour l’éducation et la prévention, dès le plus jeune âge. L’un des nerfs de la bataille contre les LGBTphobies. Sensibiliser, c’est protéger.
  • Des dispositifs de soutien psychologique renforcés pour accompagner les victimes et prévenir les drames. Nous nous devons de construire une société où chacune et chacun peut grandir et s’épanouir dans le respect de son identité.
  • Des mesures concrètes pour contrer les guets-apens homophobes, en particulier sur les plateformes de rencontres en ligne.
  • Un accompagnement et une sensibilisation pour un monde du travail plus inclusif et respectueux de toutes les identités. C’est ce que défend avec force L’Autre Cercle par exemple.
  • Un combat sans relâche face aux discours de haine, terreau fertile des discours LGBTphobes sur lequel prospèrent les agressions.

Il n’y a pas de République sans égalité. Pas de liberté sans sécurité pour chacune et chacun. Pas de progrès sans combat contre les discriminations.

Le sursaut ne peut plus attendre. Il doit avoir lieu. Maintenant.

L’équipe de La République en Commun

[1] Info Rapide n°53 ; Légère progression des infractions anti-LGBT+ enregistrées par les services de sécurité

[2] Sondage IFOP – Observatoire LGBT+, 27/06/2018

[3] Etat des lieux de la situation des personnes LGBT+ en France, sondage BVA Xsight pour la Fondation Le Refuge