Dans la nuit du 18 au 19 août 2025, au moins 2 159 enfants, dont 503 âgés de moins de 3 ans, sont restés sans solution d’hébergement après un appel au 115, selon une récente tribune de la Présidente de l’UNICEF et du Président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Et ces chiffres sont encore sous-estimés : ils ne comptent ni les familles qui n’appellent plus, ni les enfants vivant en squats ou en bidonvilles, ni les mineurs non accompagnés.
L’image est insoutenable : des cartables rangés sous des ponts, des cahiers froissés dans des sacs poubelles, des réveils au bruit des balayeuses. On ne peut pas s’y « habituer » ; on s’y résigne, et c’est pire. Quand un pays laisse ses enfants dormir dehors à la veille de la rentrée, il trahit sa promesse républicaine d’égalité.
Chaque année, l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité sonnent l’alarme, et chaque année, les chiffres montent. Et la honte avec eux. Une hausse de 6 % en un an, de 30 % depuis 2022, année où l’exécutif promettait le « zéro enfant à la rue ». Certes, l’Etat finance l’urgence, mais quand l’urgence est devenue un système, sous-budgété, piloté à vue et incapable d’anticiper, le mal devient structurel. Les inspections publiques du ministère des Affaires Sociales le disent : la dépense d’hébergement d’urgence souffre d’un manque chronique de moyens et d’un défaut de données fiables pour agir efficacement.
Dans la sixième puissance économique mondiale, 350 000 personnes sont aujourd’hui sans domicile. L’accès au logement social se réduit, la construction de HLM et de cités universitaires est à l’arrêt. Le thermomètre de cette défaillance collective, ce sont les enfants, victimes impuissantes de l’inefficacité, de l’indifférence générale.
La Défenseure des droits le rappelle chaque année au mois de septembre : ces situations bafouent les droits fondamentaux et relèvent même d’un délit pénal sans oublier la faillite morale.
Laisser des enfants sans toit, c’est aussi saboter leur scolarité avant même la sonnerie.
Quelles solutions ?
D’abord, tenir la promesse : ouvrir immédiatement des places adaptées aux familles, 12 mois sur 12 avec un accompagnement social réel.
Ensuite, sécuriser les crédits de l’hébergement et du logement, mettre fin à l’instabilité et aux revirements budgétaires, installer un pilotage national fondé sur des données régulières et publiques.
Enfin, protéger la scolarité : moratoire sur les expulsions de familles avec enfants pendant l’année scolaire, domiciliation rapide, accès effectif aux droits sanitaires et sociaux, coordination entre Éducation nationale, préfectures et Départements, système d’alerte 24/24 en lien avec les associations de terrain.
Nous n’avons pas besoin d’une énième communication sur la « priorité enfance », mais d’un sursaut. Un pays qui laisse ses enfants dormir dehors, ce n’est pas un déficit d’image mais une défaillance sur les droits. La République se juge à hauteur d’enfant : aujourd’hui, elle se tient au ras du bitume.
L’équipe de La République en Commun