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Cinq ans après l’assassinat de Samuel Paty soutenir la liberté d’enseigner, c’est protéger toutes les libertés

Publié le 16 octobre 2025
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Au mois d’octobre 2020, le professeur Samuel Paty, après avoir reçu de nombreuses menaces, était assassiné par un terrorisme islamiste pour avoir enseigné la liberté d’expression à ses élèves. Plus que jamais, il appartient à toutes et à tous de protéger, de soutenir l’école et ses enseignants qui œuvrent pour permettre à chacun de vivre en citoyen éclairé dans une société apaisée.

C’était le vendredi 16 octobre 2020, la veille des vacances de la Toussaint. Après sa journée d’enseignement, Samuel Paty, 47 ans, professeur d’histoire-géographie, marchait à proximité du collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour rentrer chez lui, quand un terroriste islamiste tchétchène lui a asséné 17 coups de couteau.

Assassiné parce que prof.

Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, 57 ans, enseignant en lettres modernes, était mortellement poignardé dans son collège du Pas-de-Calais par un de ses anciens élèves fiché pour radicalisation islamiste.

Assassiné aussi parce que prof .

« Faire réfléchir les élèves pour qu’ils deviennent des citoyens éclairés, c’était toute la mission de mon frère et de Dominique Bernard. Faire vivre cet héritage, c’est défendre la liberté, la liberté d’expression. Cela dépasse les hommages que nous pouvons rendre à la personne de Samuel » écrit cinq ans plus tard Gaëlle Paty dans un ouvrage corédigé avec l’historienne Valérie Igounet (Un procès d’avenir, éditions Flammarion).

Ces drames, comme l’assassinat des dessinateurs et des journalistes de Charlie Hebdo, nous rappellent qu’en France, chacun est libre de ses opinions, libre de penser, libre de critiquer dans le respect de la loi.

En France, chacun est également libre de pratiquer une religion ou de ne pas en pratiquer, d’exprimer une opinion publiquement du moment qu’elle ne colporte pas des idéologies de haine et des mensonges.

En France, le professeur est libre d’enseigner.

Et c’est bien la laïcité qui garantit et cadre ces libertés, c’est bien le professeur dans son école qui enseigne ces libertés et explicite ce cadre à notre jeunesse.

Nous n’avons donc pas le droit de fermer les yeux quand un professeur est menacé, quand son enseignement est remis en question par une idéologie intolérante et obscurantiste comme ce fut le cas pour Samuel Paty.

Si l’école est la cible des terroristes, c’est parce qu’elle pose dans les consciences les fondements de la citoyenneté, qu’elle est le creuset républicain dans lequel la diversité devient une richesse et dans lequel se forgent l’égalité, le vivre ensemble, les solidarités. A l’école, chacun doit pouvoir gravir l’escalier de la réussite, construire un avenir meilleur, acquérir des connaissances et aussi apprendre à devenir un citoyen nourri des valeurs de la République.

C’est ainsi que Samuel Paty et Dominique Bernard exerçaient leur métier. Comme eux, des milliers professeurs donnent tous les jours à leurs élèves des outils de compréhension du monde pour les aider à grandir, éveiller leur esprit critique afin qu’ils puissent vivre en citoyens éclairés dans une société apaisée.

Nous n’avons donc pas le droit de fermer les yeux quand un professeur est menacé, quand son enseignement est remis en question par une idéologie intolérante et obscurantiste comme ce fut le cas pour Samuel Paty, pris à parti verbalement et sur les réseaux sociaux dans les semaines précédant cette attaque ignoble. Dans le quotidien Le Monde, Gaëlle Paty appelle les institutions, les parents d’élèves, les élèves eux-mêmes à « soutenir les hommes et les femmes qui font vivre Samuel dans les classes de France et qui doivent être préservés des cabales sur les réseaux sociaux qui l’ont tué ».

Inlassablement, face à ceux qui répandent la haine et cultivent l’affrontement, souvent derrière l’anonymat d’un écran, il appartient à chacun d’entre nous de défendre l’intégrité physique et morale du professeur, de défendre sa liberté. Si l’on veut combattre le racisme, l’antisémitisme, le négationnisme, l’intégrisme, l’obscurantisme, les discriminations, alors, nous devons toutes et tous protéger l’école et ses serviteurs. C’est même un devoir de citoyen. En défendant ceux qui éduquent, qui transmettent, nous affirmons avec force et conviction les libertés, nous construisons un monde plus égalitaire et plus fraternel. Gaëlle Paty nous le dit dans son livre : submergée par la douleur et le chagrin, elle aurait pu « s‘éloigner du tumulte médiatique, contourner les moments douloureux du procès et trouver refuge auprès des siens dans l’anonymat ». Elle a choisi de transmettre le message de Samuel Paty : « Il croyait beaucoup en l’humain, l’enfant, la capacité à éduquer, au savoir. C’était l’anti-fake news, mon frère. Samuel aurait voulu un monde où on puisse débattre sereinement, intelligemment, pas un monde binaire ».

L’équipe de La République en Commun