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Quatre bonnes raisons d’avoir suspendu la réforme des retraites

Publié le 13 novembre 2025
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En obtenant la suspension de la réforme Borne de 2023, les députés socialistes offrent à des travailleuses et travailleurs la possibilité de partir plus tôt avec un taux plein, mettent en échec une réforme imposée contre l’aval de millions de gens et surtout replacent les retraites, donc le travail et la justice sociale, au cœur du débat de la présidentielle 2027.

700 000 bénéficiaires, ce n’est pas neutre

Concrètement, selon la CFDT, la suspension de la réforme va permettre à environ 700 000 travailleuses et travailleurs nés en 1964 et 1965 de faire valoir leurs droits un ou deux trimestres plus tôt que prévu par la réforme de 2023. Ce n’est pas négligeable et cela pourrait même créer un petit appel d’air sur le marché de l’emploi en 2026 et 2027. Toujours bon à prendre en période de croissance atone.

Une telle réforme ne se décide pas d’en haut sans concertation

Le vote des députés met un terme à la succession d’anomalies démocratiques qui avaient permis au gouvernement d’Elisabeth Borne un passage en force sur la mesure d’âge légal à 64 ans et l’accélération du nombre de trimestres cotisés nécessaires : absence de débat et usage de l’article 49-3 à l’Assemblée nationale, esquive du dialogue avec les partenaires sociaux, refus d’écouter les millions de Français descendus dans la rue à l’appel des syndicats, suppression arbitraire de cinq critères de pénibilité

Tout cela décidé d’en haut. Une réforme n’avance sainement, n’apporte du progrès que si elle est construite par un dialogue constructif et des débats qui permettent d’aboutir à des compromis. La méthode doit donc changer.

Les retraites et le travail au cœur de la présidentielle

La suspension replace les retraites – et avec elles le travail, les carrières, le grand âge, le financement de la protection sociale – au cœur de la prochaine élection présidentielle. Les candidats devront proposer aux générations actives un projet qui réponde à la question majeure des retraites et à tout ce qu’elle induit. C’est indispensable dans un univers du travail qui vit en continu des transformations majeures, dans un pays qui compte désormais plus de septuagénaires que d’enfants dans les écoles primaires, maternelles et les crèches. Dès 2026, la France enregistrera plus de décès que de naissances et, compte tenu de la faiblesse de la croissance, plus de partants à la retraite que d’entrants dans un monde du travail.

Un nouveau modèle social pour les retraités et les actifs

Les débats autour de cette suspension obtenue par les députés socialistes ont démontré que l’âge légal ne pouvait demeurer le paramètre majeur et la principale variable d’ajustement financier du modèle par répartition. La future réforme du système (et non des paramètres d’âge ou de durée) devra non seulement garantir une pension digne à tous les retraités sans mettre le modèle et les entreprises en difficulté financières mais aussi corriger des injustices sociales. Les pénibilités, l’égalité femmes/hommes, les carrières hachées, la «  décomposition-recomposition » des familles, la formation tout au long de la vie, la gestion des fins de carrière… Autant de sujets à hauteur de femmes et d’hommes, posés à notre société à quelques mois de la présidentielle. C’est le moment ou jamais de bâtir un modèle juste, solidaire et responsable autour de la valeur du travail.

Les débats autour de cette suspension obtenue par les députés socialistes ont démontré que l’âge légal ne pouvait demeurer le paramètre majeur et la principale variable d’ajustement financier du modèle par répartition.