La commémoration de la capitulation de l’Allemagne nazie est aussi l’affirmation de nos idéaux de paix, de liberté, de nos valeurs de fraternité et de solidarité. Quatre-vingts ans après le 8 mai 1945, transmettre la mémoire des victimes de la barbarie et des combattants pour la liberté est un devoir que nous devons poursuivre sans relâche.
Plus jamais ça…Plus jamais Auschwitz, plus jamais Oradour, plus jamais Hiroshima. Ce 8 mai 1945, la liberté retrouvée et l’espoir d’une paix éternelle pansaient les plaies à vif d’une guerre encore dans tous les esprits et soulageaient les souffrances de peuples souvent sans toit ni pain.
Au milieu de Berlin et d’une Europe en ruines, les signataires de la capitulation de l’Allemagne nazie tiraient un trait sur une décennie de barbarie et l’inhumanité destructrice, enterraient des haines ancestrales et posaient la première pierre d’une réconciliation. En Europe, elle a été scellée dix ans plus tard par les pères de l’Union et magnifiée à Verdun, en 1984, par les mains enlacées de François Mitterrand et Helmut Kohl.
Depuis 80 ans, le 8 mai, nous honorons la mémoire des victimes des dictatures nazie et fasciste, nous célébrons le courage, le sacrifice, l’honneur des combattants de la paix et de la liberté. En déposant des gerbes devant les monuments aux Morts de nos villes et de nos villages, nous affirmons aussi des idéaux et des valeurs non négociables : la paix, la liberté, la fraternité bien entendu mais aussi la démocratie, l’Etat de droit, les solidarités.
Année après année, ce devoir de transmission devient plus indispensable, hélas pas seulement parce que la marche des siècles nous renvoie à un temps que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître. Quatre-vingts ans après la fin de ce conflit planétaire, comment ne pas mesurer que ces idéaux et ces valeurs sont fragilisés ?
Aux portes de l’Union européenne, l’agression militaire de l’Ukraine par la Russie, puissance nucléaire, nous oblige à nous réarmer pour nous défendre. Impuissante à régler les conflits au Proche-Orient bien entendu mais aussi au Cachemire, au Kivu congolais, l’ONU n’est plus la vigie de la paix, conçue par les libérateurs de 1945.
Les ruptures d’alliance et les batailles économiques déclenchées par Donald Trump, les simulacres de séparation des pouvoirs en Turquie, en Argentine, en Hongrie et chez nous la remise en cause du modèle social d’Etat-providence, nous éloignent de l’esprit du 8 mai et du socle de valeurs édifié par cette Libération internationale.
Affranchis de toute règle déontologique, les manipulateurs de réseaux sociaux réécrivent l’histoire et même l’information, accélérant la poussée des idéologies d’extrême droite en Europe où certains partis n’hésitent pas à ressortir des symboles fascistes ou franquistes.
Commémorer le 8 mai, c’est défendre nos idéaux et nos valeurs, ne pas relâcher la garde sur la démocratie et les acquis d’une Libération qui fut celle de l’humanité. Quatre-vingts ans après, nous devons pouvoir dire sans trembler à nos enfants : « Plus jamais ça ».
Carole Delga