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10 ans du Mémorial de Rivesaltes – Carole Delga : «  Aucune mémoire n’est au-dessus d’une autre et aucune ne doit être dénigrée »

Publié le 17 octobre 2025
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Par Guilhem Richaud

Présidente du Mémorial de Rivesaltes, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, est très impliquée dans sa promotion, et, dans sa défense face aux récentes attaques de l’extrême droite.

Le Mémorial de Rivesaltes fête ses 10 ans cette année. Une nouvelle scénographie est en train d’être mise en place, avec un investissement conséquent de la Région. Quel est-il et quel rôle voyez-vous pour les 10 prochaines années ?

Dix ans à retracer l’histoire et à faire vivre la mémoire des plus de 60 000 femmes, enfants, hommes qui y ont été internés ou relégués de 1941 aux années 1970. Dix ans à interroger notre passé collectif, à mener un travail de mémoire rigoureux et à proposer des actions auprès d’un large public. Cette date anniversaire résonne tout particulièrement dans le contexte actuel : le monde n’a jamais connu autant de conflits armés depuis 1945. Plus que jamais, l’existence du Mémorial doit perdurer. Parce qu’il est à la fois témoin de ce que l’humanité a connu de pire et gardien de cette histoire tragique. Aussi, à l’occasion des dix ans, nous ouvrons un nouveau chapitre, tourné vers l’avenir. Avec le Département Pyrénées-Orientales et le soutien de l’Europe, nous avons lancé des travaux ambitieux, sous maîtrise d’ouvrage de la Région, pour proposer un nouvel espace d’exposition permanente, rénové et enrichi. D’un montant total de plus de 2,6 M€ et inauguré au printemps prochain, ce projet vise à préserver et renforcer ce lieu essentiel de réflexion, de réparation et de transmission qu’est le Mémorial, dans la continuité de ce qu’avait imaginé Christian Bourquin.

 

Le Mémorial a été ces jours-ci au cœur d’une fake news, orchestrée par l’extrême droite assurant que le sujet des Harkis, pourtant au cœur l’activité du Mémorial, serait absent et que l’endroit serait devenu un «  temple du wokisme ». Que vous inspire cette tentative de dénigrement ?

Ces mensonges, inventés puis relayés sur les réseaux sociaux par le député Rassemblement National Laurent Jacobelli, nous rappellent le vrai visage de ce parti : celui du racisme et des discriminations. Sans honte ni respect pour les femmes et hommes qui sont passés par ce camp pendant une trentaine d’années. Sans considération pour l’histoire des Pyrénées-Orientales et de notre pays. Non, ce lieu n’efface pas la mémoire des Harkis, au contraire il la fait vivre pleinement, aux côtés de celles, tout aussi nobles, des Républicains espagnols exilés, des juifs déportés, des tsiganes rejetés et de toutes les communautés qui y ont été internées. Aucune mémoire n’est au-dessus d’une autre et aucune ne doit être dénigrée. Elles doivent, comme c’est le cas au sein du Mémorial, être respectées et honorées. En marge de cette attaque indécente, j’ai rappelé mon soutien à Céline Sala-Pons, sa directrice, à Laurent Joly, historien et président du conseil scientifique, ainsi qu’aux équipes pour le travail remarquable qu’elles mènent en ce sens.

 

Le Mémorial joue un rôle majeur dans l’éducation citoyenne et dans la sauvegarde de la mémoire de l’histoire du territoire, mais plus largement aussi des événements allant de 1940 à 1970 en France. La montée de l’extrême droite, vous fait-elle craindre une tentative de réécriture de cette histoire ?

La question que nous devons nous poser est : pourquoi ? Pourquoi s’en prendre à cette institution et à l’histoire qu’elle porte ? Pour opposer les peuples et les individus. Pour imposer un récit tronqué, partisan, à des fins personnelles et politiques. Oui, je suis inquiète. Car les méthodes de Laurent Jacobelli et d’autres, celles des idées de l’extrême droite, des révisionnistes, des complotistes, nous les voyons à l’œuvre et au pouvoir aux Etats-Unis depuis déjà plusieurs années. La vérité factuelle, historique, scientifique, compte moins aujourd’hui que celui qui prend la parole et parle fort, sans nuance, sans raison. C’est pourquoi, face à ces tentatives de falsification de l’Histoire, nous ne devons ne rien laisser passer. Soutenir la recherche. Et transmettre. Transmettre aux jeunes, à l’image du travail mémoriel que nous menons toute l’année en partenariat avec le Mémorial du camp de Rivesaltes et celui de la Shoah dans le cadre de notre plan régional de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Pour accompagner les lycéens dans l’acquisition de repères historiques et le développement de leur sens critique. Et pour lutter contre les fakenews qui circulent aujourd’hui sur certaines chaines d’infos et sur les réseaux sociaux.

 

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Carole Delga